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R.Da. , modifié à
La nouvelle dirigeante de l'hebdomadaire a levé le voile quant à sa stratégie éditoriale, principalement fondée sur le développement de l'offre numérique.
INTERVIEW

Pour la première fois, une femme a pris les rênes L'Obs. Dominique Nora, journaliste économique, est devenue en février la nouvelle directrice du magazine en remplacement de Matthieu Croissandeau. "Quand on ne fait pas acte de candidature, il est assez rare que l'on vous propose ce genre de poste", se félicite la nouvelle dirigeante vendredi, au micro de Village médias sur Europe 1.

C'est le financier Louis Dreyfus, représentant des actionnaires de l'hebdomadaire, qui lui a demandé de se présenter devant les salariés. "En même temps, j'avais des idées parce que cela faisait quelques années que je disais ma vision des choses à l'intérieur de la rédaction, et notamment en ce qui concerne le numérique. Je trouvais que l'on n'avait pas une stratégie assez bi-média", explique-t-elle.

Le virage numérique. C'est ainsi que Dominique Nora été élue par la rédaction à 73% des suffrages exprimés, sur la base d'un projet "où L'Obs devient un peu web first". Car l'objectif de cette journaliste est de faire rentrer l'un des hebdomadaires les plus emblématiques du paysage médiatique français de plein pied dans le XXIe siècle. "On ne va pas devenir le Kodak du journalisme", lâche-t-elle, en référence à l'ancien leader mondial de la photographie, qui a finalement coulé pour ne pas avoir cru au virage du numérique.

Augmenter le nombre d'abonnés sur Internet. Après une baisse sensible des ventes, le magazine a finalement sorti la tête de l'eau pendant la présidentielle. "On a 2,3 millions de lecteurs par semaine en audience. On a progressé de 8% l'année dernière. La situation est assainie", se félicite Dominique Nora. "Maintenant, il faut trouver un modèle où l'on conquiert des abonnés numériques". Actuellement le magazine compte quelques 7.600 abonnés numériques contre 25.000 pour Le Point. "L'idée c'est de s'enrichir sur notre numérique, le web et les applications, avec du contenu à valeur ajoutée qui n'est pas dans le papier. C'est la clef pour conquérir de nouvelles audiences", dévoile la directrice quant à sa stratégie. "J'ose croire que cette rédaction est derrière moi. Je sens déjà un enthousiasme pour les premiers numéros que l'on a fait", assure-t-elle.

Une couverture polémique. Revenant sur la Une de début janvier, qui avait fait polémique en titrant une photographie d'Emmanuel Macron derrière des fils barbelés : "Migrants, bienvenue au pays des droits de l'Homme", Dominique Nora assure que ce n'est pas ce numéro qui a coûté sa place à son prédécesseur, Matthieu Croissandeau. "Ce n'est pas du tout cette couverture qui a provoqué le changement à la direction de la rédaction, il était prévu de longue date", explique-t-elle. "Contrairement à ce qui a été dit, cette couverture n'a pas jouée de rôle".